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À moins d’une semaine de rendre son verdict, la commission Éthique et Anticorruption du Sénat poursuit son enquête, avec comme toujours à la clef, les auditions, les ultimes. Ce jeudi, peu après une rencontre avec un haut responsable d’Estrella, loin des micros et caméras, Youri Latortue, costume gris, chemise blanche, indique, sans détour, que le rapport sera fin “prêt d’ici la semaine prochaine”. Le premier des commissaires, comme il le ressasse depuis deux semaines, n’est pas enclin à faire cadeau, lui qui avait estimé lundi que beaucoup ourdissent à “faire capoter l’enquête”. «Les responsabilités seront fixées par gouvernement», affirme Youri Latortue, serein, peu après l’audition de dirigeants de différentes firmes haïtiennes.

Ces dernières, comme les firmes dominicaines, pouvaient grapiller des contrats de la manne PetroCaribe. Mais il n’en a rien été. Abby Brun, vice-président de la TECINA, ne fait pas dans l’à-peu-près. «Nous n’avons pas de problème de capacité, ni intellectuel, ni de formation technique», soutient-il, dans le salon diplomatique du Parlement. Mais pourquoi les firmres locales n’avaient recueilli que des miettes dans le cadre de l’octroi des contrats? L’ingénieur Brun, sans le dire, laisse entendre que leur mise à l’écart a été planifiée. «Les chefs ont voulu aller vite après le 12 janvier 2010 et ils définissaient les projets tout en posant des conditions que nous ne pouvions pas remplir», avance-t-il, posément.
On vous demandait de prouver que vous avez au moins executé un projet de 16 ou bien de 25 millions de dollars américains durant les cinq dernière années. On était en 2010″, explique Abby Brun, comme pour inisinuer comment les critères d’obtention de contrats ont été difficiles pour les Haïtiens et favorisaient du coup les Dominicains qui se sont engouffrés dans la brèche. Sur des contrats de construction de gigansteques buildings, l’ingénieur, sincère, a fait comprendre qu’elles [les firmes haïtiennes] avaient aussi la “capacité de se mettre ensemble pour y arriver». Sur l’image qui transpirait d’alors des firmes locales pour n’avoir peut-être pas encore réalisé de travaux de grande envergure, Abby Brun lâche. «Nous avons 42 ans dans le pays. Nous executons toute sorte de projets. Nous n’avions jamais commencé un projet sans l’achever!”

Comme l’avait dit avant lui Jean-Marie Vorbe du groupe Jean Fils, Abby Brun espère voir un jour l’assouplissement des conditions de qualification et des conditions de financement. Il n’a pas en horreur les firmes dominicaines avec lesquelles, dit-il, sont prêtes à travailler les firmes locales. Mais, avoue-t-il, le quasi monopole des Dominicains dans le créneau de construction après le séisme de 2010 “les [les firmes locales, ndlr] a empêchées de grandir”. Dans le même registre, fatigué de n’avoir eu que des miettes dans les gros contrats de construction, il souhaite, comme ses pairs avant lui, que l’État ait à coeur de favoriser la croissance des firmes nationales.

Le président de la commission n’a eu que des mots de sympathie envers les responsables de firmes haïtiennes. «Celles-ci doivent avoir la priorité quoique les firmes étrangères ne soient pas obligées d’être exclues», selon Youri Latortue, peu après l’audition de Daniel Rouzier d’E-Power, Abby Brun de TECINA et Jean-Marie Vorbe de Jean Vorbe et Fils, entre autres. Du même coup, il souligne que bon nombre de projets qui sont censés être exécutés par Estrella – qui a raflé 19 contrats de constrcution en Haïti – ne sont pas encore achevés, dont le viaduc de Carrefour, les aéroports des Cayes et d’Ile-à-Vache. «Il leur faudra une firme de surpervision pour qu’ils puissent reprendre la main», dit Latortue, citant Michael Roy d’Estrella, soulignant que le MSPP en est déjà au parfum.
Dans le sillage de cette quête de vérité sur l’utilisation du fonds PetroCaribe, Ronald Larêche, président du Sénat, en rescousse à la commission avait écrit à Mirlande Manigat et Michel Martelly, leur demandant de “fournir des informations nécessaires”à l’aboutissement de l’enquête du fait qu’ils auraient recu des pots-de-vin des firmes dominicaines. La première a avoué avoir recu de l’argent de Hadom, l’une des fimes dominicaines ayant engrangé de gros contrats en Haiti. Le second, lui, a fait la lecon à Ronald Larêche, expliquant que la constitution ne confère au président “aucune attribution de gestion de fonds de l’État.” Ronald Larêche, sur un ton énigmatique, a affirmé mercredi attendre encore la réponse de Michel Martelly. Mais n’empeche que le verdict de la commission devrait etre connu d’ici la semaine prochaine, comme l’a indiqué Youri Latortue, ce jeudi.