Depuis l’annonce du Chef de l’Etat le 13 janvier dernier, constatant la caducité du Parlement, le pays nage dans un flou sans précédent. Pas de gouvernement légitime, pas de budget. La fin du mandat des députés de la 50e législature et de deux tiers du Sénat créent un malaise profond. 10 sénateurs proches et alliés du Président se déclarent être victimes de l’abus du pouvoir alors que le chancelier Edmond Bocchit, dans un périple sur le continent, fait la promotion d’une nouvelle gouvernance établie en Haïti par le chef de l’Etat Jovenel Moise.

Dans une brève rencontre lundi avec le Secrétaire d’état américain, Mike Pompeo, le chef de la diplomatie haïtienne, certifie à  son homologue que le Président Moise travaille d’arrache-pied pour former un gouvernement d’union nationale en promulguant une loi électorale ainsi qu’une loi de finances. Alors dans l’intervalle, les sénateurs défendent du bec et des ongles leur mandat. Le bureau présidé par le sénateur  Pierre François Sildor, a du mal à mettre à l’écart Jean Mary Salomon qui occupe le bureau du vice-président du grand corps et celui du Premier Secrétaire par Dieupie Chérubin. Ces deux sénateurs contestataires font recours à la justice.

Mais fort de de tout cela, les gangs armés sèment la mort dans divers quartiers de Martissant (sud de Port-au-Prince) aux yeux des autorités. Les groupes armés de Grand Ravine, Ti Bois, Base Pilate et Village de Dieu n’ont aucune gêne, ils opèrent jour et nuit sans le moindre scrupule. Ce mardi 21 janvier 2020, des individus armés ont tiré sur des agents de l’Unité départementale pour le maintien d’ordre (UDMO) au niveau de la quatrième avenue Bolosse, faisant un mort et un blessé.

Les bandes armées imposent leurs lois et jusqu’à présent aucune force légale n’est en mesure de les défier. Quand le président écrit : « J’appelle, en urgence, à la mise en place d’un plan coordonné du CSPN, de concert avec les parquets de la République, pour des actions concrètes visant à mettre fin à l’insécurité et au banditisme, dans le respect de la loi. La nation entière, impatiente, attend des résultats», on se demande à qui ce message est destiné ?

Peut-on s’attendre au renfort des Etats-Unis d’Amérique quand les autorités étatiques sont dépassées par les événements ? Va-t-on s’attendre à des mouvements de protestations ? On attend.