Le directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), Pierre Espérance, déplore qu’une enquête ne soit pas encore ouverte en Haïti, concernant les contrats passés entre l’État haïtien et le sénateur dominicain Feliz Bautista qui fait l’objet de poursuites judiciaires en terre voisine. Le défenseur des droits humains, qui intervenait à l’emission « Sak Pase » sur Magik9, dit ne pas comprendre l’inertie des institutions comme l’UCREF et l’ULCC. La saga judiciaire dans laquelle s’embrouille le sénateur Feliz Bautista concerne au plus haut point Haïti du fait qu’il est le propriétaire de la majorité des firmes de construction qui ont signé des contrats avec l’État haïtien. Il est aussi l’un des manitous qui se sont mouillés dans le financement des dernières campagnes électorales haïtiennes, si l’on tient compte des révélations de la très populaire journaliste dominicaine Nuria Pierra. Un dossier que le RNDDH suit avec une attention particulière, du moins si l’on en croit son directeur exécutif. « Si nos institutions s’occupaient de leur travail, une enquête devait être ouverte auprès d’institutions compétentes en matière de crime financier et de la corruption. Je fais référence à l’ULCC, l’UCREF », explique Pierre Espérance, déplorant que ces dernières fonctionnent malheureusement selon les caprices des autorités. Dans cette affaire, Pierre Espérance croit qu’en vertu de leurs mandats et de leurs prérogatives, l’UCREF et l’ULCC doivent analyser tous les contrats signés de 2010 à nos jours, et qui concernent les firmes de Bautista. « Elles (ces institutions) doivent vérifier dans quelles conditions ils ont été signés, s’ils sont exécutés. Et après enquêtes, les dossiers doivent être transférés à la justice qui, de son côté, invitera les complices, auteurs, etc. », propose-t-il, sans toutefois cacher son pessimisme. « D’ailleurs, elles ne sont même pas saisies du dossier. » Se rappelant les conditions dans lesquelles les contrats (de plusieurs millions de dollars) ont été signés et constatant le silence des institutions indépendantes, Pierre Espérance pense que l’on est à l’ère de l’institutionnalisation de la corruption et de l’impunité. « La majorité de la population n’a pas accès aux besoins prioritaires. Et cela est dû à la mauvaise gestion des affaires publiques, c’est-à-dire la corruption et l’impunité. En Haïti, parler de corruption, d’impunité ou de viol, c’est irriter les vieux démons. Dans ce sens, quand des organisations de la société civile dénoncent les dérives, elles trouvent beaucoup de résistance. Car notre société s’asseoit sur l’impunité et la corruption », explique-t-il, déplorant que rien n’est fait au plus haut niveau de l’État pour renforcer les institutions. La justice dominicaine a procédé à la saisie de plusieurs appartements, compagnies et biens meubles du sénateur Bautista. Cette décision a, sans doute, des répercussions en Haïti, puisque plusieurs de ses compagnies réalisent plusieurs ouvrages publics. Au début de février, il a été accusé d’escroquerie au dépens d’Haïti pour un montant de dix-huit millions trente-cinq mille huit cent trente-quatre et vingt-trois centavos pesos 18, 035, 834.23 de pesos, soit plus de 8 millions de dollars américains, pour une opération humanitaire non spécifiée en Haïti en 2010.