La manifestation de l’opposition a tourné au vinaigre ce vendredi. Alors qu’ils se dirigeaient vers Pétion-Ville, les manifestants ont essuyé des jets de pierres aux environs de Delmas 95. En colère, plusieurs d’entre eux ont répliqué à coups de jets de pierres, incendié deux voitures et saccagé tout ce qui se trouvait sur leur passage. Dans leur rang, au moins un mort et plusieurs blessés ont été dénombrés. Read More

La route de Delmas a été le théâtre d’une vive situation de tension ce vendredi, en fin de journée. Alors que des milliers de manifestants se dirigeaient vers Pétion-Ville, des individus non identifiés leur ont lancé des pierres et des tessons de bouteille à Delmas 95. Ce qui a provoqué l’ire et la riposte des protestataires. Bilan : un mort, plusieurs blessés, deux véhicules incendiés (dont une entièrement), des scènes de casse ont été orchestrées un peu partout sur la route de Delmas, et des barricades de pneus enflammés ont également été érigées. Plusieurs blessés ont été dénombrés dans le rang des manifestants, dont deux à l’arme blanche. La présence des policiers n’a pas suffi pour dissuader ces scènes de violence alors que différentes unités, notamment le CIMO et l’UDMO, ont été remarquées. Cette panique a duré tout l’après-midi. La circulation des véhicules a été quasiment impossible. Aucune arrestation n’a été signalée. Joint au téléphone, l’un des leaders de la plateforme « Pitit Dessalines », Assad Volcy, impute la responsabilité de ces actes de violence au gouvernement qui, selon lui, est paniqué. –
« Le gouvernement ne peut pas digérer cette foule imposante qui manifeste dans les rues de la capitale. C’est pourquoi il a payé des gens pour nous attaquer », croit Assad Volcy, déplorant l’inaction des agents de la PNH. « Un individu a attaqué un de nos militants à l’arme blanche en présence des forces de l’ordre. Il a été transporté à l’hôpital La Paix. Et en fin de journée, au niveau de Delmas 40, des agents du BOID qui circulaient à moto ont tué un militant », a-t-il déploré, assimilant cette situation à une tentative d’intimidation.
Par ailleurs, Assad Volcy continue d’appeler les différentes structures de l’opposition à continuer à s’unir pour contraindre le CEP à répondre à leur revendication. « Le CEP, le gouvernement et Sandra Honoré ont jusqu’à ce week-end pour répondre aux revendications du peuple haïtien qui réclame l’éviction de Jovenel Moïse de la course. Nous allons entrer en concertation pour savoir quelle suite donner à la mobilisation. A partir de la semaine prochaine, le mouvement prendra une autre ampleur », a-t-il promis. –
Comme c’était le cas mercredi dernier, plusieurs regroupements politiques ont été remarqués dans la manifestation de ce vendredi, notamment Fanmi Lavalas (qui a lancé la manif), Pitit Dessalines, LAPEH, Renmen Ayiti, Espace de résistance patriotique, etc. Les manifestants continuent de dénoncer la publication des résultats préliminaires de la présidentielle, et de réclamer le départ de Michel Martelly et du Conseil électoral provisoire. André Fadot y voit une « unité du secteur démocratique ». « C’est le seul moyen qui peut conjurer le plan anti-démocratique de Michel Martelly », croit-il. Le leader du MONOP rejette d’un revers de main le communiqué de la Primature critiquant les changements de parcours des manifestations sans aucune notification à la PNH. Comme un pied de nez à Evans Paul, André Fadot indique qu’un « de facto » n’a aucune leçon de démocratie à donner. –
Alors qu’une partie de la manif était dans de beaux draps à Delmas 95, une autre partie a pu atteindre les parages du CEP à Pétion-Ville. Comme pour illustrer l’unité qui règne parmi les différents secteurs de l’opposition, Alfred Micanord, Assad Volcy et Louis Gérald Gilles ont, tour à tour, pu s’adresser aux manifestants. Devant le CEP, gardé par un imposant dispositif de sécurité des agents de l’UDMO et de la MINUSTAH, ces pontes ont réaffirmé leur volonté de maintenir la mobilisation jusqu’à obtenir gain de cause.