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47 jours après sa prestation de serment, le président de la République, Jovenel Moïse, a procédé à l’investiture du Dr Jack Guy Lafontant, le chef de son premier gouvernement, au palais national, le mardi 21 mars 2017. Tout de go, le chef de l’État a indiqué que la cérémonie d’investiture se tient sous le « signe de la gravité ». « Nous avons beaucoup de difficultés à surmonter », a insisté Jovenel Moïse, pour avoir parcouru le pays pendant ses 22 mois de campagne électorale. La culture du résultat, la conscience des responsabilités, la rigueur, l’honneur, l’incorruptibilité, la volonté de servir nul autre que le peuple haïtien sont parmi les recommandations de Jovenel Moïse. Le cabinet a un « devoir d’exemplarité” afin de « restaurer la confiance des citoyens dans l’Etat ».
Il faut détester la corruption et admirer la culture du résultat. Le poisson pourrit par la tête. Il peut guérir aussi par la tête, a illustré le président Jovenel Moïse qui a réitéré, conformément à sa promesse de changement, sa volonté de « réformer en profondeur le pays ». Le président Jovenel Moïse, dans son cadrage de l’action gouvernementale, a encouragé le gouvernement à la rationalité budgétaire, à l’utilisation de chaque centime au profit des citoyens et des citoyennes. Le premier arrêté qui sera pris en Conseil des ministres par l’administration Moïse/Lafontant concernera les subventions. Toutes les entités de l’État disposant dans leur budget d’une ligne subvention seront tenues d’acheminer les informations chaque huit jours au palais national sur les montants, les bénéficiaires, la localisation des projets subventionnés, leur état d’avancement, a annoncé le président Jovenel Moïse.
Le chef de l’Etat, sachant qu’il lui reste 58 mois et 17 jours au pouvoir pour relever des défis immenses, est pressé. Chaque seconde, chaque minute, chaque semaine compte. Cependant, il a indiqué qu’il faut « aller vite et bien », en accord avec la politique générale « ambitieuse » ayant obtenu la confiance de majorités écrasantes tant au Sénat qu’à la Chambre des députés. Sur la liste des priorités évoquées par le président Jovenel Moïse, il y a la justice. Pour lui, il faut « dépolitiser la justice ». C’est la seule condition pour que le peuple ait une distribution saine et impartiale de la justice. L’agriculture, le tourisme, l’infrastructure, les services, l’éducation, avec des objectifs d’excellence et de qualité, sont, entre autres, les priorités du gouvernement.
Le président Jovenel Moïse a par ailleurs promis de moderniser les transports, de résoudre « le problème de l’énergie électrique ». « Nous devons développer le pays avec ce qu’on a », a-t-il insisté en ressortant son slogan sur l’utilisation de l’eau, de la terre, du soleil et des hommes pour agir positivement sur l’existant. La bataille commence pour donner à manger au peuple et le mettre au travail pour de l’argent, a indiqué Jovenel Moïse, qui enfile le costume du rassembleur. Les états généraux de la nation aideront à définir les réformes. La politique autrement, pour que l’on ne se batte plus l’un contre l’autre mais avec l’autre pour changer les conditions de vie du peuple, est également l’un des objectifs de l’administration Moïse/Lafontant, a expliqué le chef de l’État qui a caressé dans le sens du poil les parlementaires, les représentants des circonscriptions, des départements. Ces élus sont des vigies qui veillent aux intérêts de leurs mandants, a indiqué Jovenel Moïse. Au passage, pour montrer qu’il a de la poigne, le président a interdit aux ministres de vider leurs différends sur la place publique. La sérénité, la stabilité sont nécessaires, a insisté le président.
L’heure est grave
Le Premier ministre, le docteur Jack Guy Lafontant, après avoir multiplié les promesses à l’étape de la ratification de sa politique générale, a souligné que « l’heure est grave » et « l’héritage est lourd ». Il dit avoir reçu le maillet pour diriger le gouvernement de la République d’Haïti à moment où la gourde déprécie (70 gds pour 1 dollar), où l’inflation est à deux chiffres ( +10%), l’agriculture, l’un des piliers de la croissance économique, est durement frappée, que le système sanitaire est alité avec des convulsions récurrentes, l’électricité se raréfie, les dettes envers les enseignants s’accumule, « la corruption est la règle, l’éthique l’exception ». « J’ai le maillet à un moment où le peuple haïtien a faim », a indiqué le Premier ministre Jack Guy Lafontant dans son tableau pour le moins sombre.
Ce tableau sombre, a dit le chef du gouvernement, loin de le décourager, renforce ses convictions dans la bataille à mener. Comme le président, Jack Guy Lafontant promet d’œuvrer à la modernisation de l’État. Le Premier ministre, dézingué quelques heures auparavant par des députés pour le non-respect, dans les délais, de ses obligations envers le fisc, a rappelé que son gouvernement va élargir l’assiette fiscale, mobiliser le fisc pour que plus de gens paient leurs taxes et impôts. Le chef du gouvernement promet de mener une « lutte sans merci contre la corruption ». L’accès aux soins de santé, les efforts pour un système de sécurité sociale, l’assistance financière aux agriculteurs, la lutte contre le kidnapping qui doit devenir un mauvais souvenir sont promis par le Premier ministre Jack Guy Lafontant.
Outre les états généraux sectoriels, le nouveau locataire de la Primature entend favoriser un dialogue permanent avec toutes les forces vives du pays afin de faciliter la confiance indispensable à la stabilité. Le rassemblement de toutes les élites autour du bien commun est visé par Jack Guy Lafontant. Le Premier ministre a affirmé que son gouvernement est appelé à se dépasser ». Le pays doit se relever et recommencer à étonner le monde, a dit le Premier ministre, en présence des présidents du Sénat, Youri Latortue, de la Chambre des députés, Cholzer Chancy, du président du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire CSPJ, Jules Cantave, des ex-président Prosper Avril et Hérard Abraham, des membres du corps diplomatique, des représentants d’associations patronales.
Réactions et espoirs
Pour Bernard Craan, le président du Forum économique du secteur privé, qui dit « avoir beaucoup aimé le discours du président », souligne qu’il y a beaucoup de travail à faire. Ce secteur va collaborer avec l’exécutif. « Le secteur privé souhaiterait que le gouvernement réussisse », a souligné Bernard Craan. Quand le pays avance, c’est profitable à tous, a-t-il dit, reconnaissant que beaucoup de priorités ont été évoquées. Il va falloir choisir parce qu’on ne pourra pas tout. « J’espère que les priorités seront choisies en concertation », a indiqué Bernard Craan.
Très attentive, Sandra Honoré, la représentante du secrétaire général des Nations unies en Haïti, dit avoir écouté les consignes du président Jovenel Moïse au gouvernement, l’emphase mise sur la culture de résultat, la culture d’excellence, la nécessité de travailler dans l’intérêt du peuple haïtien. La patronne de la MINUSTAH a retenu le modus operandi de l’action gouvernementale évoqué par le Premier ministre Jack Guy Lafontant.« Je crois que ce sont tous de très bons signes pour Haïti en ce moment et j’appelle toutes les citoyennes, tous les citoyens, la classe politique, la société civile, le secteur privé des affaires à apporter leur concours pour faire en sorte que le pays continue sur la voie du développement socioéconomique », a indiqué Sandra Honoré.
« C’est une belle étape franchie. Maintenant il y a un gouvernement qui peut se mettre au travail, un Parlement fonctionnel. Il faut que les problèmes d’Haïti, comme l’a dit le Premier ministre, soient pris à bras-le-corps, avec sérieux. Les défis sont énormes. Il faut beaucoup de volonté, beaucoup d’organisation », a confié l’ambassadeur de France Elisabeth Beton Délègue.
Le représentant résident de la BID en Haïti, Koldo Echeberria, voit dans la cérémonie d’investiture du nouveau gouvernement de « très bonnes nouvelles pour le pays ». « Cela donne une image de stabilité. Je pense que c’est une très bonne nouvelle pour le pays et la communauté internationale », a souligné le patron en Haïti de la BID, qui dit avoir déjà commencé à travailler avec les autorités haïtiennes.
« Les signes sont bons. Il y a un nouveau gouvernement, une nouvelle administration. La population attend des réformes et nous attendons de voir quelles sont les réformes qui sont sur la table et nous sommes prêt à discuter », a confié au journal Gaston K. Mpatswe, le représentant résident du Fonds monétaire international en Haïti. Il y a des défis à relever. Le Premier ministre les a identifiés, a-t-il dit en marge de la cérémonie alors que le Premier ministre sortant, Enex Jean-Charles, salué par le président Jovenel Moïse pour sa « collaboration sans faille », se rendait à la Primature au Bicentenaire pour recevoir Jack Guy Lafontant….