Le prix Femina a été décerné, lundi 3 novembre, à Yanick Lahens pour son roman Bain de lune (Ed. Sabine Wespieser).
Le prix Femina a été décerné, lundi 3 novembre, à Yanick Lahens pour son roman Bain de lune (Ed. Sabine Wespieser).
“C’est une merveilleuse surprise et une reconnaissance pour la littérature francophone en Haïti”, a dit à l’AFP, Yanick Lahens, radieuse. “J’habite très très loin du monde parisien de l’édition. Ce roman, et ce prix, témoignent de la force de la culture haïtienne”, a poursuivi la lauréate, née à Port-au-Prince en 1953 et grande figure de la littérature haïtienne francophone. Elle est aussi très engagée dans le développement social et culturel de son pays.
“Je suis très sensible au fait que le jury a compris que cette histoire, si elle se passe en Haïti, est universelle”.
Pour Christine Jordis, porte-parole de ce jury exclusivement féminin, “Bain de lune” (Sabine Wespieser) est un “beau roman qui a le sens du mystère et de l’invisible et qui nous sort de notre horizon habituel. L’auteure évoque les ancêtres disparus, à l’influence très forte sur les vivants”.
Tout sourire, son éditrice Sabine Wespeiser, à la tête de la maison éponyme fondée… le 11 septembre 2001, s’est réjouie de “ce formidable encouragement pour l’édition indépendante. C’est aussi un excellent signe pour les libraires indépendants qui ont beaucoup soutenu ce roman”.
“J’ai aussitôt fait réimprimer 30.000 exemplaires de +Bain de lune+, tiré initialement à 10.000”, précise-t-elle à l’AFP.
Dans le roman, un pêcheur découvre une jeune fille échouée sur la grève. La voix de la naufragée, qui en appelle aux dieux du vaudou et à ses ancêtres, scande cet ample roman familial qui convoque trois générations pour tenter d’élucider le double mystère de son agression et de son identité.
Près de là, à Anse Bleue, les Mésidor, seigneurs du village, et les Lafleur, se détestent depuis des lustres. Quand Tertulien Mésidor rencontre Olmène (une Lafleur), le coup de foudre est réciproque. Leur histoire va s’écrire à rebours des idées reçues sur les femmes soumises et les hommes prédateurs. Mais, dans cette île balayée aussi par les ouragans politiques, la terreur et la mort s’abattent sur Anse Bleue…
Pour les essais, le jury a couronné Paul Veyne pour son livre, Et dans l’éternité, je ne m’ennuierai pas: souvenirs (Albin Michel).
Dans la catégorie « romans étrangers », c’est l’Israélienne Zeruya Shalev, prix Femina étranger pour “Ce qui reste de nos vies”.
Yanick Lahens a reçu en 2011 le prix d’Excellence de l’Association d’études haïtiennes pour l’ensemble de son œuvre. Membre du Conseil international d’études francophones, elle a fait partie du cabinet du ministre de la Culture, Raoul Peck (1996-1997). Elle a reçu cette année le titre d’officier des Arts et des Lettres.