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L’homme d’affaires Marc Antoine Acra, responsable de la Nabatco, compagnie importatrice d’une cargaison de sucre en provenance de Colombie, transportée par le navire Manzanares dans lequel de la drogue a été découverte en avril 2015, a été « inculpé », ainsi que Sébastien François Xavier Acra et Grégory Georges, alias Ti Ketan, pour « trafic illicite de la drogue », selon l’ordonnance de clôture de l’instruction du juge Berge O. Surpris du tribunal de première instance de Port-au-Prince, en date du 29 juillet 2016.
Les nommés Fedner Doliscar, alias Surpris, et Jacquelin Wilfrid, alias Bouboul, sont quant à eux inculpés pour « complicité de trafic illicite de drogue ». « En conséquence, les renvoyons au tribunal criminel siégeant sans assistance de jury, pour être jugés au vœu de la loi du 7 août 2001 et de l’article 44 et 45 du Code pénal », lit-on dans l’ordonnance de clôture. Le juge d’instruction, Berge O. Surpris, écrit « qu’ils soient pris de corps et déposés à la prison civile de Port-au-Prince s’ils ne s’y trouvent déjà, ordonnons en outre que toutes les pièces de la procédure ensemble la présente ordonnance soient transmises au commissaire du gouvernement, pour être fait ce que de droit ».
L’ordonnance, dans ses motifs, indique: « Adoptons en partie les conclusions contenues dans le réquisitoire définitif du commissaire du gouvernement en date du 13 juin 2016, disons et déclarons que les indices et charges à l’encontre des inculpés : Manuel Alberto Rodriguez Arauyo, Ernesto Garcia Chuquival, Eliezer Benigno Dominguez Peralta, Fernando Cezar Cordoba Falcon, Fredi Eliseo Castro, Rodolpho Franceka Mendez, Jose Ephraim Rivera Funez, Jacito Cepeda Castro, Jose Luis Carrazco Chumo, Mariano Alcidez, Martez Ortiz Fidel Rodriguez de la Cruz et Porfilio Menjivas Ayala, Jean Fritz Bernard Mevs, Allen Rosier, Marie Kettely H. Melon et Gerald Luc, alias Gatesa, ne sont pas suffisants, en conséquence, les renvoyons hors des liens de l’inculpation ; ce conformément au prescrit de l’article 115 du CIC ;ordonnons que les inculpés Manuel Alberto Rodriguez Arauyo et Enersto Garcia Chuquival soient mis en liberté s’ils ne sont retenus pour autre cause ».
Parquet, suite rapide
« L’ordonnance a été reçue. Le substitut en charge du dossier a été instruit pour donner suite prompte et rapide à l’ordonnance du juge instructeur », a confié au journal le commissaire du gouvernement près le tribunal de première instance de Port-au-Prince, Jean Danton Léger, vendredi 5 août 2016. Inculpés en dehors du territoire national ? « Je n’ai pas encore vérifié cela. Mais si c’est le cas, j’utiliserai les procédures pour qu’ils reviennent pour être remis à la justice », a-t-il assuré, rappelant son engagement que la justice fasse son chemin, sans considération aucune.
Le commissaire du gouvernement, en avril 2016, avait émis un ordre d’interdiction de départ contre l’homme d’affaires Marc Antoine Acra et Co dans le cadre du dossier Manzanares. « En attendant l’approfondissement de ce dossier, je crois qu’il y a des gens qui doivent être à la disposition de la justice. C’est pourquoi j’ai pris une mesure conservatoire d’interdiction de départ contre Acra et Co », avait affirmé le commissaire du gouvernement, Me Danton Léger, au journal. Cette décision, attaquée, a été cassée par le tribunal des référés.
Contacté par le journal, vendredi après-midi, Me Alain Lemithe, avocat de Marc Antoine Acra, n’a pas voulu faire de commentaire. « Nous n’avons reçu aucune signification. Nous ne pouvons pas faire de commentaire », a-t-il dit.
Quelques éléments de l’enquête
Il y a plus d’un an, le 5 avril 2015, le Manzanares, navire battant pavillon panaméen, avait jeté l’ancre au port du terminal Varreux, après deux jours d’attente dans la baie de Port-au-Prince.Il n’y avait pas de place dans les deux quais du port de l’APN. L’agence maritime Madsen Export-Import SA, une agence contractée par la NAVESCO, au bénéfice de Nabatco, s’était démêlée pour trouver l’autorisation d’accoster.
Dans les cales du Manzanares, une cargaison de six mille cinq cent tonnes métriques de sucre, soit cent quatre- vingt dix mille cent quatre-vingt-dix (190 190) sacs de 25 et 50 kg, de marque Incauca, commandée en février 2015 par la Nabatco auprès d’une compagnie colombienne, Azucares Y Mieles. Le chargement du sucre a été fait au port de Buenaaventura, en Colombie, entre le 9 et 22 mars 2015 par la Sociedad Porturia Regional de Buenaventura.
La Nabatco avait pour compagnie d’assurance le WSS Insurance, a révélé l’enquête de la BLTS. Cette compagnie d’assurance avait la charge de surveiller la conformité et la qualité du chargement du sucre à bord du MV/Manzanares. Ce navire est la propriété de Navesco. Les marins ont été engagés par une agence appelée Ibernor.
Le 6 avril 2015, la BLTS, alertée, entre en lice. Entre le dimanche 12 et le jeudi 23 avril 2015, les agents de la brigade canine, les policiers de la BLTS ont trouvé de la drogue. Au total, 108 kilos de cocaïne et 15 kilos d’héroïne, selon la BLTS. La drogue a été dissimulée dans des assiettes en foam dans les escaliers de la cale #2. Ces assiettes, a révélé l’enquête, ont été introduites au port par un véhicule estampillé Securidad portuaria de Buenaventura. Il y avait une perturbation de 3 jours durant le chargement à cause d’une rupture de stock.La drogue, une fois trouvée, a débouché sur l’arrestation des membres d’équipage. 17 passeports ont révélé qu’il y avait 6 péruviens, 5 honduriens, 1 colombien et 1 panaméen. Le recoupement des informations ont permis aux enquêteurs de croire qu’une partie de la drogue a été emportée avant l’intervention de la BLTS le 6 avril, selon l’enquête de la BLTS qui a révélé que Sebastien Acra avait séjourné en Colombie du 18 au 22 février 2015.
D’ambassadeur de bonne volonté à inculpé
Par arrêté présidentiel en date du 1er février 2016, le citoyen Marc Antoine Acra avait été nommé ambassadeur de bonne volonté de la République d’Haïti, six jours avant le départ de l’administration Martelly-Paul. L’exécutif a pris cette décision en considérant que, tant sur la scène nationale que sur la scène internationale, l’intéressé entreprend, depuis plusieurs années, des actions visant à contribuer au développement économique du pays. De plus, en considérant que « ses prestations et initiatives sont de nature à promouvoir le développement du pays et à contribuer au bon renom et au renforcement de l’image de la République à l’étranger », avait indiqué l’arrêté portant la signature de Michel Martelly, d’Évans Paul et de Renaud Lener.