À l’occasion de la commémoration du 208ème anniversaire de la mort du Père de la Nation, l’Empereur Jean-Jacques Dessalines [1758-1806], assassiné à Pont Rouge le 17 octobre 1806, le Président Michel Martelly adresse un message à la Nation…
Aujourd’hui cela fait 208 ans depuis que le Père de la Nation est mort, c’est toujours un moment de tristesse, de peine et de mauvais souvenirs, c’est en même temps un moment qui nous rappelle les sacrifices que cet homme a fait pour concrétiser une autre vision sur cette terre.
Une vision qui voulait divorcer de l’injustice, des actes ‘gwo ponyet’ et de l’inégalité sociale.
Une vision dans laquelle la terre puisse devenir fertile, avec la sueur et le sang des esclaves, pour que tous les enfants d’Haïti, puissent vivre avec dignité.
Une vision pour construire un pays où ‘tout moun se moun’, où tous ont la même chance, les mêmes droits, les mêmes privilèges, quelque soit sa condition social, quelque soit ses moyens.
Une vision de liberté, d’égalité et de fraternité.
Aujourd’hui, c’est une journée pour montrer tout notre respect et notre reconnaissance à Dessalines, un homme qui était en avance sur son temps, bien avant la déclaration universelle des Droits de l’Homme.
Le 17 octobre 1806, cette vision est tombée. Le 17 octobre la division, les intérêts personnels ont enterré le corps du Père de la Nation.
Le 17 octobre la division a prit le dessus sur l’union, cette union qui nous a donné l’indépendance, le 17 octobre 1806 a tué le rêve, a tué le rêve et la vision que Dessalines avait.
Plus de 200 ans après, parce que nous sommes frère et sœur, parce que nous avons le même sang, parce que nous sommes condamnés à vivre ensemble, nous devons finir le travail, respecter l’engagement qui a été pris, pour faire de nous une grande Nation.
Je retiens deux leçons de cet engagement.
La première leçon, c’est dans la guerre de l’indépendance où Dessalines avait rencontré Pétion au haut du Cap, Pétion qui était son adversaire dans le Sud, il avait demandé à Pétion : manman ou papa lequel ? Pétion sans réfléchir lui avait répondu maman, car la maman pour Pétion c’était Haïti. Depuis ce moment, les ‘chire pit’ s’étaient arrêtés entre Pétion et Dessalines et ils s’étaient mis ensemble, pour mener la guerre de l’indépendance, pour se battre pour leur mère, Haïti.
La victoire de l’indépendance, c’était une victoire de solidarité, de rassemblement, le rassemblement sur la division, une victoire de l’union, l’union sur l’opposition idéologique, une victoire sur les intérêts personnels, la victoire de l’harmonie sur la contradiction.
Aujourd’hui, nous devons nous servir de cet exemple, pour comprendre que c’est le rassemblement seulement, qui peut nous mener sur le chemin de la victoire devant tous les défis que nous avons à surmonter pour remettre Haïti debout.
La deuxième leçon, c’est que la mort d’une personne n’a aucun sens, le ‘kraze brize’, cela ne permet pas de grandes idées pour changer la vie. La mort d’une personne n’est pas une victoire. ‘Kraze brize’ n’est pas une victoire.
Je continue de croire, que la grande bataille pour changer les conditions de vie ne peut être une bataille contre un régime, ne peut être une bataille l’un contre l’autre. La grande bataille pour changer la vie, pour mettre le pays sur les rails du développement, c’est une bataille pour que d’autres idées jaillissent, pour de vrais changements.
Je peux vous dire avec beaucoup de fierté, qu’aujourd’hui nous avons un État responsable, un État qui croit dans son rôle pour travailler afin de réveiller la conscience de liberté dans la tête de tous les haïtiens.
Quel modèle de société allons-nous laisser à nos enfants ? Quel type de pays nous allons leur laisser ? Si nous ne trouvons pas de réponse à ces questions rapidement, nous sommes sur la route pour trahir le rêve de Dessalines une autre fois encore.
Heureusement, il n’est pas trop tard. Tant qu’il y a des hommes et des femmes de bonne volonté, nous sommes capable d’y arriver, pour cela, il faut apprendre à nous dépasser, faire preuve de maturité, de sagesse, de pardon, d’unité pour trouver la stabilité politique, pour être en mesure de garantir la Paix et permettre que les investissements se fassent dans le pays.
Nous avons besoin de réconciliation et de pardon, parce que le sacrifice demande d’encourager l’union, le partage, le rassemblement au lieu de la division et de la haine.
Je vais continuer de faire le chemin pour que la justice sociale puisse prendre de l’ampleur, en bâtissant plus d’écoles, faire des routes pour permettre aux uns et aux autres de se rencontrer, pour faire augmenter la production nationale, pour qu’il y ait des soins de santé partout.
La commémoration du 17 octobre doit nous donner le courage, le courage de mettre nos forces ensemble pour dire non il faut que cela finisse et dire oui, il faut que cela change.
Il faut que nous nous organisions, que nous nous entendions, nous nous rassemblions, que nous ramassions nos caractères, nos convictions, pour rétablir l’indépendance et la souveraineté de ce bout de terre qui nous appelle ‘che met, che metres’.
La commémoration de ce 17 octobre, c’est un moment de nous réconcilier d’avec nous même, de nous réconcilier les uns les autres, de prendre la route du rassemblement, pour que demain soit plus beau.
Il est temps que les haïtiens arrêtent de détruire le rêve des haïtiens, il est temps de nous unir, pour que les enfants d’Haïti fassent un seul, pour qu’ensemble nous prenions la décision de ne pas retourner en arrière encore, mais au contraire d’avancer sur le chemin du changement, du progrès et du développement.